sabÿn
Talisman/chevelure(s)
matériaux & substances maraboutés, installation, 2012-2013
Maraboutages... éveiller la présence...
Je « bricole » d’étranges objets, reliques ambiguës aux statuts mouvants : il est alors question de maraboutage, à savoir, ne pas seulement user de substances triviales, rebuts éreintés et ruines du souffle, mais éveiller ces matériaux à la présence, amadouer la mort peut-être, sans nier ce qu’elle anime et déchire.
C’est aussi un jeu d’enfant : marabout’d’ficelle, fictions et sorcelleries blanches.
Je sacralise la matière, substantialisée, onction tactile en laquelle me prolonger, mon geste tatouant délicatement la peau des choses. J’embaume, je nimbe de paraffine, poudroie cendres d’encens, répands vernis liquoreux, encaustique, huiles lourdes et grasses, gros sel corrosif, brou de noix etc. : imprégnation, distillation. Mon imaginaire suinte et transpire en surface, je ne peux dissocier ce processus de mon corps et de ce que mon corps sécrète. Mon recours au sang de lune advint il y a plus de quinze ans, impulsion nécessaire coulant de source, coulant de la source intime de mon corps. Dois-je y lire une étrange mélancolie consumée au lieu de la perte – on dit « pertes de sang » – ; c’est ici ritualiser la perte en reliquat. Je sacralise ce sang, je l’auratise dès lors qu’il imprègne le tissu, la gaze, les fibres, le bois filandreux. Je songe étrangement au Voile de Véronique – puissance auratique de l’empreinte et lenteur de ce processus en ce qu’il révèle : mutations chromatiques, dissipation des humeurs. Ne restent que dépôts usés, une usure en surface – voile léger, ténu, épuisé, et la clepsydre du temps...
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