sabÿn

L’homme dans la nuit s’allume pour lui-même une lumière, mort et vivant pourtant.
Dormant, il touche au mort, les yeux éteints ; éveillé, il touche au vivant.
Héraclite, fragment 26 (1)
Le Dormant condense ce que dormir abrite d’outre-mondes, entre visible et invisible, concrétude du corps gisant & plasticité des substances-rêves.
Rêver, c’est « toucher au mort » en cette « connaissance de l’obscur dont [le corps] est fait (2)», c’est aussi accueillir tant de présences in absentia …
Le Dormant ne peut être figuré, seulement insufflé en errances poétiques.
Il participe d’une fiction.
Par la fiction, (qui voile et révèle tout à la fois) je tente de négocier avec le substrat invisible de ce qui fait monde – reliance ambiguë puisque indissociable de la positivité matérielle (fictio/fingere) de ce que je récolte et façonne dans la patience du geste ; est-ce toucher à ce qui s’absente et nous pré-existe tout à la fois ?
NOTES
(1)Traduction de ce fragment d’Héraclite par Pierre Fédida, in Crise et contre-transfert, Paris, PUF, coll. « Quadrige/Essais et débats », 2009, p. 37
(2)Pierre Fédida, ibid., p. 43