sabÿn
Portes-Seuil
peinture sur drap (peinture à la cire, peinture à l'huile, pigments, épices, cendres, résidus d'encens calcinés, brindilles, vernis gomme laque blond), 1994-1995
Désir éreinté d’un absolu en démesure de chair… en chair se donne l’image, elle traverse…
Quels sont les Demeures, la terre des ancêtres, le Sacrifice ?
(se munir de l’obole, réserver le creux)
Écrasée, la peinture se referme, étouffe… je m’épuise de cette œuvre à naître, l’intime constellation étoilant une route d’abîmes, lamens aux tourbes de la Bouche…
*
Je flaire au creux des Demeures la chambre des cendres.
Il faut ouvrir la marche, tordre le drap et le sang.
Portes dans l’ouvrir-pierre – portes dans le fermer-pierre.
Se tendre, écouter la rumeur, mémoire hantée, nervures du Songe.
Ce chemin est impossible (je peins sur le trou du deuil)
Il pleut toujours dans la chambre. Il pleut l’or défunt d’une source, le sang d’icône…
*
L’absentement aux ombres est souffle sur la bouche.
Au feu : l’orge broyé, la tâche de beurre rance, une porte. Nous ne l’ouvrirons pas - j’entends le raclement des gorges, la caverne des voix…
C’était l’enfance, la rumeur & déjà la perte.
*
Les tous petits plantent inlassablement la pierre, car il est dit qu’elle germera.
Le rouge est ma bannière, la trace folle qui dit l’impact. C’est une ligne & c’est un gouffre.
Puisse le vent galoper aux frondes, puisse la pierre être souffle…
extrait de mon recueil de poésie Histoires Indécises



